Le partenariat du FCAS au bord de l’implosion !
- Avia news

- 8 juil.
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Le programme d’avions de combat de 6ᵉ génération FCAS (Future Combat Air System) a atteint un point crucial en termes de collaboration. Cette dernière pourrait tout simplement éclater. À l'heure où l'Europe n’a plus droit à l’erreur afin de pouvoir conserver une industrie capable d’assurer un futur dans le domaine de l’aviation militaire, un clash pourrait s’avérer très problématique.

FCAS aux couleurs allemandes @ Airbus
L’ambition qui remet tout en cause
La France pourrait mettre fin au programme FCAS (Future Combat Air System) grâce à son ambition démesurée de contrôler 80 % (de la partie NGF, plateforme habitée) du projet qui comprend un chasseur de 6ᵉ génération, un drone de combat collaboratif. Si cela devait se faire, une telle division laisserait à l’Allemagne et à l’Espagne peu d’influence dans le programme multinational et pourrait mettre fin aux pourparlers qui traînent en longueur depuis huit ans. Le projet est énorme, avec un budget estimé à plus de 100 milliards d’euros (117 milliards de dollars). Le FCAS a été lancé en 2017 par la France et l’Allemagne, puis rejoint par l’Espagne.
La première étape avec le lancement du démonstrateur n’a pas été chose simple, mais les nuages se sont éloignés en décembre 2022 avec l’accord « enfin signé » en vue de la répartition des tâches. Les partenaires du programme FCAS que sont Dassault, Airbus, Indra, Safran, Thales et MBDA et un ensemble de sous-traitants ont pu s’attaquer au développement de l’architecture du démonstrateur, soit la phase 1B. Ce dernier devrait voler en 2029. Pour décrocher cet accord, il aura fallu aux différents acteurs de laisser de côté leur ego respectif et de trouver un fil conducteur, afin de faire converger les intérêts. C’était bien là, toute la difficulté. Car les États défendent leurs fleurons nationaux avant tout. Ce premier accouchement a été difficile. Et on se doutait que la suite des discussions allait encore se corser. Nous y sommes.
L’ambition de la France n’est pas du tout du goût de Berlin. Le président du comité d'entreprise d'Airbus Defence and Space, Thomas Pretzl, estime que la volonté de la France, à travers son avionneur Dassault Aviation, de prendre 80 % du projet est inacceptable et en fait un mauvais partenaire. « Le partenariat repose sur la convivialité et non l'un contre l'autre. En Europe, il existe des partenaires plus attrayants et plus appropriés », a souligné le chef du comité d'entreprise.
Il faut comprendre que Dassault Aviation revendique 80 % des tâches industrielles liées au développement du New Generation Fighter (NGF), cœur du programme FCAS. L’entreprise remet en cause la répartition actuelle entre les partenaires. Pour Dassault, cette demande ne relève pas d’un rapport de force mais d’une volonté d’efficacité. Un leadership clair permettrait de sortir d’une gouvernance à trois têtes qui ralentit le projet. En soi, la vision de Dassault n’est pas fausse et tient compte du précédent avec l’Eurofighter avec lequel l’expérience française avait été mise à mal et avait finalement quitté le projet pour développer le Rafale.
Dans le cas du FCAS, le timing d'une telle décision est fort tardif et ne pouvait que fâcher les partenaires.

Version aéronavale française @ Dassault
Le départ d’Airbus ?
Thomas Pretzl n'a pas donné plus de détails sur les nouveaux partenaires potentiels en cas de séparation du programme. Mais il est très probable qu’Airbus pourrait rejoindre l’autre programme européen, le Global Combat Air Programme (GCAP) dirigé par les Britanniques avec les Italiens de Leonardo, le Suédois Saab et le Japonais Mitsubishi. Un programme qui semble trouver sa vitesse de croisière.
Il faut également ajouter que le comité d'entreprise d'Airbus a exigé des commandes supplémentaires pour l'Eurofighter et un développement ultérieur de l'avion. "La politique fait des spécifications claires avec l'engagement de l'ancien chancelier Scholz d'obtenir 20 Eurofighter et la demande du Premier ministre Söder d'augmenter cet approvisionnement de 35 Eurofighter", a déclaré Pretzl à Manching. La politique doit maintenant agir rapidement pour mettre en œuvre l'objectif formulé par le chancelier fédéral Merz, l'armée conventionnellement la plus forte d'Europe. Le président du comité d'entreprise demande au conseil d'administration d'Airbus et à la politique de développer l'Eurofighter de manière évolutive pour devenir le « Super Eurofighter ».
A moins qu'un nouvel accord puisse être trouvé entre les parties encore cette année, le temps presse.
Comment en est-on arrivé là ?
Il y a en Europe une manière de faire qui fragmente les responsabilités, souvent en fonction des nationalités industrielles plutôt que des compétences. Cette logique ralentit les décisions, allonge les délais et empêche la validation d’un projet. A contrario, aux États-Unis il est commun de mettre en concurrence les avionneurs (LM, Boeing, Northrop Grumman) mais également les motoristes (P&W et GE) sans oublier les équipementiers pour l’électronique, le radar, etc. (Raytheon, LM, Northrop). Au final on prend le meilleur de chacun. Évidemment, cette approche est plus facile à réaliser au sein d’un pays unique que dans une constellation de pays comme l’Europe. Combien de projets européens ne souffrent-ils pas de cette manière d’agir ? Il est temps de réagir, car la concurrence US, mais également chinoise et même turque et sud-coréenne pourrait bien mettre à mal le tissu industriel de l’Europe.







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