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Sixième génération, Berlin a son propre plan !

L'avenir du système aérien de 6ᵉ génération FCAS est de plus en plus incertain. Berlin vise son propre projet qui s'appuie sur des systèmes sans pilote pour compléter l'Eurofighter et le F-35. Description d’un projet déjà bien avancé.

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Le SCAF devrait évoluer différemment @ Airbus DS


Airbus s’éloigne de Dassault

Le président du comité d'entreprise d'Airbus Defence and Space, Thomas Pretzl, a publié un communiqué montrant la préférence pour poursuivre le programme sans la participation de l’avionneur français Dassault."Nous voulons redévelopper et construire un bon avion de combat", a-t-il déclaré. Mais ils préfèrent ne pas compter sur la partie française, qui a révélé l'été dernier qu'elle voulait prendre en charge 80 % du projet de futur avion de combat de sixième génération (noyau du FCAS/le NGF), invoquant son expérience dans ce type de développement. Cette position française a mis en péril l'accord à parts égales entre les trois pays (Allemagne, Espagne, France). Et il l'a fait pour la énième fois, notamment à travers les déclarations du directeur général de Dassault Aviation, Eric Trappier, qui à plusieurs reprises a menacé de quitter le programme si ses exigences n'étaient pas satisfaites.

 

Le colonel Andreas Rauber, responsable allemand du programme FCAS au sein de l'Académie navale de Berlin-Est (BAAINBw), a livré une analyse très franche dans une interview. Il a présenté un schéma illustrant la structure prévue du FCAS comme un ensemble équilibré de composantes multinationales, un équilibre global, selon ses propres termes. « Cet équilibre global est aujourd'hui remis en question. » « Plusieurs partenaires proposent de considérer les aéronefs et les systèmes sans pilote comme des ressources nationales. Cela rompt totalement cet équilibre. C'est le principal défi de la transition vers la phase 2. » Ces nouvelles exigences en matière de partage des tâches mettent en péril le projet dans sa forme actuelle.

Rauber a confirmé que Dassault et le nouveau ministre français de la Défense avaient récemment réaffirmé leur contrôle majoritaire sur certains domaines de conception, contredisant ainsi les accords de partage de travail antérieurs. L'Allemagne, a-t-il déclaré, « souhaite poursuivre dans la même voie. Mais si cela ne fonctionne plus, nous devons envisager d'autres solutions. » Sa conclusion était pragmatique : « Oui, le programme doit se poursuivre. La question est seulement de savoir comment. » Une décision politique est attendue avant la fin de l'année.

 

Au-delà des discours, le programme commun s'est recentré sur son infrastructure technique, le Combat Cloud et son architecture de données sous-jacente. Les responsables de BAAINBw définissent désormais le FCAS potentiel principalement comme un cadre de coordination pour l'interopérabilité entre les systèmes nationaux. Les démonstrateurs de capteurs et de liaisons de données restent actifs, mais le concept d'un NGF unique et construit conjointement a largement disparu.

 

Airbus et Dassault semblent irréconciliables. Devant tant d’incertitudes, Berlin prépare son propre plan afin de rester dans la course à la 6ᵉ génération.

 

Le projet CFSN (Combat Fighter System Nucleus) allemand

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Projet de CCA d'Airbus qui sert de feuille de route au CFSN


L'Allemagne redéfinit le FCAS comme un cadre d'interopérabilité et construit sa propre base autour d'un nouveau projet, le noyau du système de combat aérien complexe de sécurité des systèmes de combat aériens (CFSN). Les autorités berlinoises décrivent désormais le CFSN non pas comme un projet parallèle, mais comme le successeur structurel du FCAS, destiné à fournir le premier nuage de combat opérationnel d'Europe et une famille d'aéronefs sans pilote collaboratifs.

 

La feuille de route de l'armée de l'air allemande définit quatre objectifs principaux pour l'ère post-FCAS à grande échelle :

 

CFSN Combat Cloud : la couche nationale de commandement et de données, constituant l’épine dorsale allemande du FCAS Combat Cloud, plus vaste afin d’assurer l’interopérabilité entre les réseaux alliés.

Développement CCA : deux classes de systèmes sans pilote (4-5 t et 10 t) pour les rôles d'escorte, de frappe et de brouillage.

Intégration des plateformes existantes : Eurofighter EK, F-35A et futurs drones reliés par fusion de données.

Avion de chasse de nouvelle génération : développement d’un successeur à l’Eurofighter, idéalement en coopération avec l’Espagne et/ou la Suède. 


En parallèle, Berlin a entamé des discussions techniques avec les membres du GCAP au Royaume-Uni et en Italie afin d'explorer l'harmonisation des liaisons de données et de l'interopérabilité entre le CFSN et l'architecture système anglo-italo-japonaise, étendant ainsi la compatibilité du nuage de combat à travers les projets européens.

 

Stefan Heltzel, chef de division FCAS au sein de BAAINBw, a souligné les objectifs de la nouvelle orientation du programme. L'Allemagne entend devenir « la première nation européenne à rendre opérationnelle une plateforme de combat sans pilote » dans le cadre du projet CFSN.

Ces systèmes, désignés comme avions de combat collaboratifs allemands (CCA), constitueront le premier résultat concret du programme CFSN. La version de 4 à 5 tonnes sera axée sur l'extension des capacités de détection et la guerre électronique ; la variante de 10 tonnes sera dédiée aux missions de frappe et de supériorité aérienne. La Luftwaffe a exprimé un besoin total d'environ 400 CCA de grande capacité, les acquisitions et les premières livraisons pour les essais étant prévues pour 2029. L'Allemagne ambitionne de devenir un chef de file national en matière de développement, avec la conception et la fabrication, sur son territoire, d'au moins une chaîne de production et d'un ensemble de systèmes de mission.

 

Au sein du CFSN, le nuage de combat constitue l'épine dorsale numérique, reliant les plateformes habitées et non habitées par le biais d'échanges de données chiffrées entièrement compatibles avec le réseau de mission fédéré de l'OTAN et les normes Link 16/22/MADL établies. Un officier supérieur des acquisitions a résumé le concept ainsi : « L'interopérabilité n'est plus un effet secondaire, c'est l'objectif principal. »

 

Rapprochement avec la Suède

Si l'accord trilatéral du FCAS avec la France et l'Espagne échoue, l'Allemagne n'exclut désormais aucune autre option. La Suède s'est imposée comme le partenaire de repli privilégié. Le PDG de Saab, Micael Johansson, a déclaré que son entreprise est « prête à explorer avec l'Allemagne une architecture commune pour le futur des systèmes de combat aérien, incluant les systèmes sans pilote et les technologies de chasseurs de nouvelle génération ».


Bien qu'aucun accord formel n'ait été annoncé, les contacts techniques entre les industries allemande et suédoise se sont intensifiés. L'expertise de Saab en matière d'intégration de systèmes et de guerre électronique correspond parfaitement à l'approche allemande du CFSN (complexe de sécurité des systèmes de combat aériens). Les collaborations existantes, comme celle portant sur la version de combat électronique de l'Eurofighter EK, pourraient servir de passerelle technologique pour de futurs efforts conjoints.

 

Analyse

Le système de combat aérien du futur (FCAS) semble désormais davantage servir de cadre politique que de programme unifié. Le CFSN vise à garantir que la prochaine génération de puissance aérienne européenne ne soit pas construite dans une seule usine ou sous un seul drapeau, mais à travers des réseaux connectés et interopérables. Pour autant, de son côté, la France est prête à continuer seule sur son projet, Eric Trapier ayant confirmé, il y a quelques jours, que cette option était pleinement sur la table.

L’Europe fait face une nouvelle fois à ses vieux démons comme par le passé avec l’avion de combat européen ou Dassault avait finalement décidé de quitter le projet.   L’Europe doit apprendre à manager la compétition à l’échelle européenne hors des enjeux de souveraineté pour en faire un levier d’innovation, plutôt que de la laisser se transformer en champ de rivalités paralysantes.


Remerciements : Airbus DS, BAAINBw, CPM-Defense

 

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