F-35, l’administration Trump maintient la pression !
- Avia news

- 14 août
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Lors d’une conférence de presse hier, le ministre de la Défense Martin Pfister a annoncé que les États-Unis ne sont pas disposés à changer de position sur le dossier F-35 pour la Suisse, décryptage.

F-35 sur le polygone de tir d'Axalp @ DDPS
L’annonce
Le nouveau ministre de la Défense est venu devant la presse expliquer la situation. Sans blâmer personne, il a annoncé la nouvelle des coûts additionnels demandés par l’administration américaine et assuré qu’il prendrait ses responsabilités et publierait les rapports d’experts censés éclaircir la question du prix supposé dit « fixe ». Il a confirmé qu’au cours des dernières semaines, des « discussions intensives » ont eu lieu avec des représentants de haut rang de la Maison-Blanche au sujet du prix fixe pour l'acquisition du nouvel avion de combat F-35A. Et avoir eu également un entretien téléphonique avec son homologue américain Pete Hegseth.
Le Conseil fédéral a pris connaissance du résultat des négociations avec le gouvernement américain, de l’abandon du prix fixe qui en découle et des coûts supplémentaires liés à l’inflation et aux coûts de production.
Le Conseil fédéral maintient son projet d’acquisition de l’avion de combat F-35A. Il entend protéger la Suisse contre les menaces aériennes avec cet avion qui dispose d’une avance technologique importante par rapport à d’autres appareils et qui est désormais largement répandu dans les pays européens.
Le Conseil fédéral a donc chargé le DDPS d’approfondir les travaux sur différentes options. Le DDPS examinera si les exigences actuelles en matière de défense aérienne correspondent toujours aux bases sur lesquelles reposait l’évaluation du F-35A, en particulier le rapport « Avenir de la défense aérienne » publié en 2017. Un groupe de travail du DDPS, dirigé par le futur commandant des Forces aériennes, le divisionnaire Christian « Ernesto » Oppliger, validera de manière critique les hypothèses formulées à l’époque et réévaluera l’équipement cible de la défense aérienne, en tenant compte de la situation financière et de politique de sécurité. Le DDPS soumettra au Conseil fédéral, d’ici à fin novembre 2025, une proposition concernant la suite de la procédure.
Contrats et fonctionnement
Deux expertises ont été publiées (Arnold& Porter, Homburger) concluant effectivement que les États-Unis ont promis un prix fixe entre notre pays et l’administration américaine pour un montant de 6,3 milliards de dollars. Chiffres datant de 2021 et établis sous l’administration Biden et précédemment annoncés via la Defense Security Cooperation Agency (DSCA) sur son site (DSCA.mil). Étrangement, avec l’arrivée de l’administration Trump à Washington, la DSCA a retiré le volet F-35 pour notre pays. Il est notable que l’offre pour la Suisse était « canon » et motivée par le fait qu’à cette époque le prix du F-35 était à la baisse et l’avionneur Lockheed Martin ne pouvait pas encore avancer les coûts du nouveau standard Block 4. Cette situation a changé par la suite avec les prix ajustés. Prenons les exemples pour deux pays avec un nombre d’avions proche du nôtre, plus les pièces détachées (volume variable), les simulateurs, la formation, mais sans armement (reprises des armes déjà en service).
Exemples de commande en 2024 :
Roumanie : 32 F-35 = 7,2 milliards USD
Grèce : 40 F-35 (en deux lots de 20) = 8,6 milliards USD
On le voit, la différence avec notre offre de base est importante. Normalement, Washington négocie ensuite un prix avec l’avionneur chaque année pour les lots qui comprennent des F-35 A, B, C destinés à l’armée américaine ainsi qu’aux clients étrangers. L’administration se doit de tirer les prix vers le bas et d’assumer les différences entre les contrats signés. L’administration américaine assume donc les variables selon les prix des contrats fixés avec les clients. Ceci est confirmé également par les deux cabinets d’experts.
Si l’ancienne administration assumait les différences de prix, la nouvelle en place n’est pas sur la même longueur d’onde et n’apprécie pas du tout que notre pays ait obtenu un « super deal ». Afin d’ajuster le prix pour notre pays, les experts de MAGA jouent sur un point très simple, le montant négocié avec l’avionneur, qui lui peut ne pas être fixe. Comprenez par-là que le client n’a qu’un droit de regard.
Dans l'expertise du cabinet d'avocats zurichois Homburger de novembre 2023, on peut lire qu'il est « essentiel » que le prix fixe soit également inclus dans les contrats entre les États-Unis et le fabricant. Mais à l'époque, ce contrat n'avait pas encore été signé pour le premier lot qui concerne nos futurs aéronefs. Actuellement Washington est toujours en négociation avec Lockheed Martin et nous ne connaissons donc pas le prix exact qui nous sera demandé et qui varie dans une fourchette de 630 millions à 1,3 milliard d’USD.
Aurait-on pu anticiper ?
En vertu des expertises et des accords passés dans des contrats similaires, comme avec le Boeing F/A-18 « Hornet », il est difficile d’y répondre. Seule la commission de gestion du national pourra trouver des réponses et formuler des recommandations. Mais le fait est que l’actuelle administration américaine se montre très agressive, on le voit dans le dossier des taxes douanières, il va falloir compter avec encore un certain temps…
Pas d’annulation du contrat
À l’évidence la pression sur le prix déchaîne les passions et force est de constater que certains tentent politiquement d’en tirer des avantages et ne comprennent pas qu’il faut serrer les rangs. Non, le contrat F-35 ne sera pas annulé et il y a de bonnes raisons :
– Une annulation prévaudrait une augmentation des droits de douane de 39 % à peut-être 45 %, ce n’est pas le but recherché.
— Nous avons versé plus de 1 milliard pour le projet, l’annuler reviendrait à perdre cet argent, inacceptable.
– Même au prix le plus élevé, 7,6 milliards, nous serions dans la norme des coûts actuels et au minimum 2 milliards moins chers que les avions concurrents et jugés très inférieurs techniquement.
– Les travaux d’aménagement spécifique ont débuté à Payerne.
—On ne peut pas prendre de retard sur le renouvellement de la flotte vieillissante.
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