F-35 entre prix fixe et variable et pression US !
- Avia news
- 25 juin
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Dernière mise à jour : 28 juin
Le prix définitif du F-35 nous concerne, car l’attribution des coûts des prochains lots aux États-Unis nous concerne directement. Si le contrat est à prix fixe, des variables comme les taux de change et l’inflation peuvent en modifier la finalité.

F-35 italien@ Aeronautica Militare
Prix fixe
Le contrat a prix fixe concerne le prix du F-35 en 2021 soit au standard de l'époque Block 3. La Suisse recevra le nouveau standard Block 4. Le prix ne comprend pas la hausse des améliorations du nouveaux standard que nous ne payons pas.
Les pays qui ont acheté plus tard le F-35 on un contrat qui comprend les augmentations du Block 4. L'inflation viendra également touché ces même pays, le cas échéant.
Explications
Cet après-midi une conférence de presse a eu lieu à Berne avec le nouveau chef du DDPS et d’Armasuisse. « Un contrat est un contrat », a déclaré le chef de la D'Armasuisse, Urs Loher. Or, il s'avère que les États-Unis et la Suisse ne l'entendent pas de la même manière. Il a néanmoins assuré que le prix fixe faisait bel et bien partie des contrats. Il faut relever la confirmation de l'ambassade des États-Unis dans un courrier datant du 22 juin 2022.
Pour autant, il existe une menace de coûts supplémentaires de l’ordre de 750 millions et 1,35 milliard.
Selon Urs Loher, les coûts supplémentaires sont liés à l'inflation et aux prix des matières premières et ne sont pas couverts par le prix fixe. Selon eux, le prix fixe ne s'applique qu'à partir du moment où la Suisse se voit attribuer un lot de production du fabricant Lockheed Martin.
« Le Conseil fédéral s'en tient au prix fixe », déclare Martin Pfister. Il confirme également qu'il n'existe aucune possibilité de contestation judiciaire dans le cadre du contrat d'achat. Reste les négociations diplomatiques en cas de surcoûts avérés.
Martin Pfister explique qu’à fin février 2025, l’Agence de coopération pour la sécurité et la défense (DSCA) a informé la Suisse par écrit que, selon elle, le prix fixe était un malentendu, sans quantifier les coûts supplémentaires, a annoncé le Conseil fédéral dans un communiqué de presse publié récemment. Les États-Unis ont invoqué l’inflation et la hausse des prix des matières premières comme raisons.
Mais la Suisse refuse de payer.
« Le Conseil fédéral maintient la validité du prix fixe », affirme-t-il. Reste à savoir combien de temps cette position durera, comme l’admet le gouvernement : « La Suisse achète le F-35A via le programme américain de ventes militaires à l’étranger. Étant donné que cela exclut le règlement judiciaire des différends, une solution diplomatique doit être recherchée. »
Un surcoût identifié
Le Conseil fédéral admet en outre que les hangars destinés aux avions F-35 coûteront plus cher que prévu. Les hangars renforcés de Meiringen, Payerne et Emmen devaient initialement coûter 120 millions de francs. Comme l'a déclaré aujourd'hui le ministre de la Défense Martin Pfister, les hangars coûteront désormais environ 180 millions de francs en raison des « coûts de construction, de l'évolution des prix du marché et des exigences de sécurité accrues ».
Pourquoi cette situation ?
D’abord il faut relever que notre pays a versé 1 milliard de dollars d’avance, qui au taux de change actuel nous est favorable. En ce qui concerne l’inflation, cette variable a bien été prise en compte dans une certaine marge à l’époque du contrat. L’inquiétude provient des négociations actuelles aux USA entre Washington et Lockheed Martin sur les coups des lots 18 et 19 dans lesquels se trouvent nos premiers avions.
Lockheed Martin prévoit de finaliser un contrat pour les deux prochains lots d'avions de combat F-35 Joint Strike Fighter d'ici la fin juin 2025.
En décembre, le Pentagone a attribué à Lockheed un contrat initial de 11,8 milliards de dollars à Lockheed pour poursuivre la production des 145 avions composant le lot 18, en prévision d'un accord final qui consolide la valeur du contrat.
L’inquiétude vient de la déclaration de Greg Ulmer, le directeur général de la division aéronautique de Lockheed, qui a déclaré que les coûts unitaires du prochain lot de F-35 pourraient être influencés négativement par l'inflation ainsi que par un surcoût des matières premières.
Une situation pas encore claire
En fonction du prix final, les USA pourraient donc demander une compensation qui serait distribuée aux différents clients du F-35 et donc pas uniquement à notre pays.
Mais il y a une variable qui n’a pas encore été prise en compte et qui concerne l’augmentation de la production des F-35.
En effet, la production de F-35 est solide pour atteindre l'objectif de 156 avions d'ici 2025, les livraisons croissent entre 170 et 190 appareils cette année (appareils en attente qui reçoivent le TR-3). À cela s’ajoute une augmentation de l’assemblage sur les prochaines années qui aura un effet vers le bas pour les coûts. Mais pour l’instant rien n’est confirmé.
L'esbrouffe MAGA
Petit rappel intéressant un taux de change fixe a été défini lors de la signature du contrat : 95 centimes pour un dollar.
« Immédiatement après la signature du contrat en septembre 2022, la BNS a acheté 6,3 milliards de dollars américains pour 6 milliards de francs suisses », a expliqué le chef de l’armement Urs Loher lors de la conférence de presse de mercredi. Gain de 300 millions sur le contrat, personne n'en parle pourquoi?
Dans cette histoire, il faut garder à l'esprit que l’administration Trump, avec son programme MAGA et America First, a clairement émis la directive de tirer le maximum de tout dans les domaines suivants:
- Dans le cas de traités internationaux
- En droits de douane
- Pour des questions de sécurité
Si vous voulez en tirer quelque chose quelque part même avec des contrats existants, il vous suffit de jeter une somme et de voir ce qui se passe. Vous obtenez immédiatement une réaction à la fois politique et la presse s'en empare pour les gros titres. Exactement ce qui se passe. Cela fonctionne toujours dans les négociations si l’autre partie est d’accord.
Pas de changement de cap.
Quoi qu’il en soit, le CF ne revient pas en arrière. Une rupture du contrat avec le gouvernement américain aurait des conséquences considérables, dont la perte du milliard versé. Elle empêcherait la Suisse de garantir la sécurité de son espace aérien et de sa population à partir de 2032, étant donné que les avions de combat F/A-18 actuels arrivent au terme de leur durée d’utilisation. De plus, les travaux d’infrastructure ont déjà débuté et la formation des mécaniciens et pilotes va également commencer dans quelques mois.
Vous l’avez compris, la marge de manœuvre est liée directement aux négociations entre Washington et Lockheed Martin des lots dans lesquels nos avions seront produits. De fait, le coût définitif sera connu lors du dernier lot nous concernant. Augmentation, stabilisation ou baisse, la question est ouverte.
Le CF maintient le prix fixe de base et travaille sur une négociation en cas de surcoûts, il en va de même pour les autres pays concernés.
On rappellera que si par malheur le prix devait augmenter au plus fort, le F-35 serait alors acquis au prix d’un Rafale ou d’un Eurofighter, ceux-ci ayant terminé avant et dernier des tests.
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