En novembre dernier (avianews 05.11.24), je vous annonçais le choix du Gripen E par la Colombie. L’officialisation se fait encore attendre face à un éventuel véto américain.

Gripen E brésilien @ FAB
Rappel
La Colombie cherchait à remplacer ses 20 avions de combat israéliens IAI Kfir C2, achetés il y a 30 ans. L’ancien gouvernement avait à l’époque signifié sa préférence pour le Gripen E suédois, mais par manque de liquidités, le projet d’acquisition avait fait long feu une première fois. L'exploitation et l'entretien des Kfir sont coûteux et peuvent être risqués. La Colombie est pratiquement le seul opérateur du Kfir, un avion pour lequel aucune pièce de rechange n'est produite. Avec un nouvel avion de combat moderne au standard récent, la Colombie pourrait ainsi faire face en termes de dissuasion aux menaces du Venezuela et donnerait au pays une plus grande capacité de lutte contre les groupes rebelles et les narcotrafiquants, qui utilisent des avions d’affaires pour faire passer de la drogue en contrebande. Dans la seconde phase, trois avions devaient concourir, soit le Rafale de Dassault, le Gripen E de Saab et le F-16 « Viper » de Lockheed Martin. Mais par suite de l'élection du président de gauche et des déclarations antiaméricaines de ce dernier, la réaction de Washington, ne s'est pas fait attendre. Le gouvernement Biden a stoppé nette toute exportation du F-16 en direction de Bogota en interdisant l’obtention du certificat d’exportation potentiel.
Revirement de Washington
Face à une décision en faveur l’avion suédois, Washington a changé son fusil d’épaule et a finalement autorisé l’envoi d’une offre de dernière minute de la part de Lockheed Martin. Courant décembre, l’Armée de l’air colombienne a maintenu sa préférence pour le Gripen E.
La crainte
Le Gripen E comporte plusieurs éléments d’origine américaine comme le moteur, de fait, le gouvernement colombien est dans la crainte d’une décision de veto à l’utilisation ou à la vente de composants, systèmes ou technologies militaires. En fait, la Colombie ne serait pas directement visée par ce véto, mais indirectement.
En effet, il y a à peine trois mois, une enquête judiciaire pour soupçons de pots-de-vin lors de l'achat de Gripen pour l'armée de l'air brésilienne a été ouverte aux USA. Les résultats de cette dernière pourraient encourager la mise en place d’un véto. Pour autant, le dossier avait été classé à l’époque, car l’enquête n’avait démontré qu’il n’y avait eu aucune infraction.
Par ailleurs, Washington a annoncé récemment que, sur le principe, les États-Unis ne s'opposeraient pas à la vente de systèmes militaires, au cas où la Colombie conclurait un accord avec la Suède pour le Gripen. Le gouvernement colombien est maintenant dans l’attente de la prise de décision du nouveau gouvernement Trump et de la finalité de l’enquête.
Une décision très attendue
L'avion de remplacement choisi, le Saab Gripen JAS 39 E/F, représente une amélioration significative pour l’Armée de l’air colombienne. Le Gripen est un chasseur léger et polyvalent de quatrième génération, connu pour sa grande maniabilité, ses systèmes électroniques et radar avancés et sa capacité à opérer à partir de pistes courtes et improvisées, un avantage crucial dans le paysage géographique complexe de la Colombie.
Le Gripen JAS 39 E/F offre également des coûts d'exploitation inférieurs à ceux d'autres chasseurs modernes tels que le F-16 ou le Rafale, ce qui en fait une option intéressante pour un pays comme la Colombie, qui doit équilibrer efficacité militaire et limites budgétaires.
En outre, Saab propose une compensation et une coopération industrielle, qui peuvent stimuler l'économie locale et fournir aux techniciens et ingénieurs colombiens une expérience précieuse dans la maintenance des avions de combat modernes.
En fin de compte, le remplacement du Kfir par le Gripen est une décision stratégique qui améliorera la défense aérienne et les capacités offensives de la Colombie, réduira les coûts opérationnels et renforcera sa position en matière de sécurité régionale.
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