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En Colombie : on repart à zéro !



L’achat d’un avion de combat est souvent sujet à rebondissement, en Colombie le cas ne fait pas exception ! Peu avant Noël, le pays avait annoncé avoir présélectionné l'offre française qui concerne la vente potentielle de 16 avions de combat Rafale. Des négociations en vue de la signature d’un contrat devait être finalisées, il n’en est rien, le projet est purement et simplement avorté. Explications.

Rappel La Colombie cherche à remplacer ses 20 avions de combat israéliens en IAI Kfir C2, achetés il y a 30 ans. L’ancien gouvernement avait à l’époque signifié sa préférence pour le Gripen E suédois, mais par manque de liquidité, le projet d’acquisition avait fait long feu une première fois. L'exploitation et l'entretien des Kfir sont coûteux et peuvent être risqués. La Colombie est pratiquement le seul opérateur du Kfir, un avion pour lequel aucune pièce de rechange n'est produite. Avec un nouvel avion de combat moderne au standard récent, La Colombie pourrait ainsi faire face en terme de dissuasion aux menaces du Venezuela et donnerait au pays une plus grande capacité de lutte contre les groupes rebelles et les narcotrafiquants, qui utilisent des avions d’affaires pour faire passer de la drogue en contrebande. Dans la seconde phase trois avions devaient concourir, soit le Rafale de Dassault, le Gripen E de Saab et le F-16 « Viper » de Lockheed Martin. Mais suite à l'élection du président de gauche et des déclarations anti-américaines de ce dernier, la réaction de Washington, ne s'est pas fait attendre. Le gouvernement Biden a stoppé nette toute exportation du F-16 en direction de Bogota en interdisant l’obtention du certificat d’exportation potentiel.

Cacophonie présidentielle

Suite au blocage de Washington, pour le F-16, la présidence colombienne à annoncer que seul le Rafale était en course et était de fait présélectionné et que l’offre française était retenue. Or, cette position n’a pas été du goût de tout le monde, l’opposition de droite en tête. En effet, Washington n’a de son côté émis aucune interdiction concernant l’exportation de pièces américaines qui équipent le Gripen suédois. On parle ici principalement du moteur, qui en soi ne représente pas un élément sensible au même titre que le radar ou l’armement. De fait, contrairement à l’annonce faite par la présidence, l’avion suédois était toujours en course et l’annonce du Rafale comme choix unique était visiblement très prématuré. A plus forte raison que ces dernières semaines un débat au niveau national lié aux négociations pour l'achat du futur avions de combat au Parlement de Colombie. Des députés se sont étonnés de l’annonce du Président. En décembre dernier, le ministre de la Défense, Iván Velásquez, a indiqué que le changement de la flotte d'avions de combat est dû à l'intention de "maintenir la capacité de défense aérienne". Pourtant, deux semaines plus tard, soit le 2 janvier, le même ministre de la Défense a révélé que l'achat des avions n'était pas finalisé avant la fin de 2022.


Négociations avortées

Les négociations n’ont pu être concluent suite à plusieurs facteurs : Le premier concerne le CONPES (garantie financière) qui avait été approuvé par le gouvernement précédent et dont le gouvernement actuel allait se servir pour financer l’achat du futur avion, expirait au 31 décembre 22. De plus le montant avait été définis pour 688 millions de dollars, soit un chiffre qui ne couvrait pas suffisamment un achat pour des avions neufs. Et ceci malgré l’offre française de garantir la couverture du contrat en cas de choix. De l’autre, une éjection prématurée du Gripen E suédois, selon l’annonce du Présent a déclenché l’Ire d’un certain nombre de députés colombien et créé une forte interrogation jusqu’en Europe. Du côté des alliés de la gauche au pouvoir, des voix se sont faites entendre contre un achat potentiel. Le Chef du Parti Communiste, Carlos Antonio Lozada, a critiqué un tel achat signifiant « que l'achat des avions de combat était un investissement "inutile". Une position qui a affaibli la Présidence face à l’opposition de droite dans les débats.

Une nouvelle bataille ?

Bogota va donc devoir revoir sa copie. Pour autant la flotte de Kfir C2 en service entrera prochainement en obsolescence et les plus vieilles machines devront être retirées du service cette année déjà. Afin de finaliser un achat futur, il faudra donc au gouvernement relancer dans un premier temps un nouveau fond CONPES et en définir les limites. Il faudra ensuite le faire passer devant l’Assemblée qui devra voter et l’approuver. Une partie de la gauche proche du gouvernement risque de ne pas suivre la décision, la droite pourrait de son côté avaliser la sécurisation du budget nécessaire. Ensuite, seulement, l’évaluation pourra reprendre entre le Rafale de Dassault et le Gripen E de Saab. Entre effet d’annonce prématurée, mauvaise gestion de la communication et problématique financière, la Colombie aura bien à faire pour moderniser sa Force aérienne.

Photo: Kfir C2 colombiens @ FAC

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