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Un successeur européen à l’Atlantique II ?

Dernière mise à jour : 15 janv. 2023


Un successeur européen à l’avion de patrouille maritime (Patmar) entièrement européen est-il enfin envisageable ? L’initiative semble cette fois devenir plausible avec la nouvelle demande de la DGA de nos voisins français. Retour sur un dossier à rebondissement, avec à la clef une réponse européenne au P-8A américain ?


L’échec franco-allemand

Souvenez-vous, l’Allemagne et la France avec en commun un projet d’avion de patrouille maritime MAWS (Maritime Airborne Warfare Systems). Les négociations ayant échouées, Berlin avait finalement opté pour la solution de l’américain Boeing avec la commande du P-8A « Poseidon ». Il n’en reste pas moins que la France de son côté doit maintenant aller de l’avant un projet de remplacement de ses actuels Bréguet Atlantic II.


A l’initiative de la DGA

La Direction Générale de l’Armement a annoncé en fin de semaine le lancement de deux études en vue du remplacement des Atlantic II (ATL2). Selon les premières spécifications ces solutions doivent permettre une éventuelle coopération avec d’autres partenaires européens. Les innovations devront porter sur les améliorations de capteurs, des moyens de communications, l’instruction de logiques basées sur l’Intelligence Artificielle (IA), sur l’intégration de nouvelles armes.

Deux plateformes sont retenues avec d’un côté Airbus et une cellule d’A32oneo et l’autre Dassault Aviation avec le Falcon 10X.


A-t-on perdu un temps précieux ?

Ce qui étonnera plus d’un, concerne le fait qu’Airbus avait déjà en son temps étudié une telle possibilité avec l'A319 MPA, soit est un aéronef de patrouille maritime à grande distance et ASW. L'avion devait être déployé dans des missions de lutte anti-sous-marine et antisurface, de renseignement, de reconnaissance et de surveillance. A l’époque, l’étude démontrait que la capacité de recherche à basse altitude ou de recherche, le dépassement de la distance, l'endurance et la vitesse de transit rapide faisaient de l'A319 le meilleur avion de patrouille maritime de son aire de répartition.

N’oublions pas Dassault Aviation, qui de son côté dispose d’une grande expérience dans le domaine avec des propositions à l’époque basées sur les Falcon 2000 et 900.

Malheureusement ces solutions novatrices à l’époque n’ont pas trouvé preneur, laissant ainsi Boeing prendre l’ascendant avec son P-8A en Europe et dans le monde.

Malheureusement cette solution novatrice à l’époque n’a pas trouvé preneur, laissant ainsi Boeing prendre l’ascendant avec son P-8A.


A320neo MPA


La solution de l’A320MPA d’Airbus n’est pas nouvelle, je vous en parlais déjà en 2018. La voici qui revient sur le devant de la scène. En repartant de « zéro » avec l’A320neo en mode « MPA » Airbus pourrait bien cette fois venir contrer son concurrent américain.

Le futur A320neo MPA reprendrait certaines caractéristiques développées à l’époque pour l’A319 MPA. L’installation d’un terminal d'information embarqué (OIT) transfèrera les informations de situation et des capteurs aux membres d'équipage. Il améliorera également la coordination de l'équipage et l'évaluation de la mission.

L'A320neo MPA devrait recevoir un système d'armes anti-sous-marins et antisurface. L'avion pourra transporter une variété d'armes à l'intérieur et sur les ailes-pylônes. La soute à bombes interne pourra abriter huit postes d'armes pour des torpilles, des charges de profondeur, des mines et d'autres armes ASW. Avec quatre points sous les ailes pouvant contenir des missiles pour attaquer des cibles navales ou terrestres.

Le futur système de mission ouverte de intègrera un ensemble de capteurs multi-missions. Les capteurs couplés à des systèmes de communication modernes permettent à l'aéronef d'effectuer des opérations dans un environnement d'opérations réseau centré (NCO). La suite complète de capteurs ASW suit et identifiera des cibles sous et sur l’eau. Les systèmes de mission comprendront un radar de surveillance, un interrogateur IFF, une tourelle IR / EO, un système acoustique et un détecteur d'anomalies magnétiques (MAD). L'A3320neo MPA disposera d'un système tactique entièrement intégré (FITS),

La proposition d’une cellule A320neo est en soi la plateforme la plus appropriée parmi le vaste portefeuille d’avions de ligne d’Airbus à être convertie, afin de répondre à l’ensemble des missions de la marine Française. Il serait conçu pour les patrouilles maritimes à longue portée (MPA), y compris les missions de lutte anti-sous-marine (ASM) et antisurface (ASuW) les plus exigeantes.


Dassault Falcon 10X MPA


L’autre option concerne le Falcon 10X de Dassault Aviation. Là encore, rien de très nouveau puisque cette solution était-elle aussi proposée dans le cadre du projet franco-allemand MAWS. Dévoilé début mai 2021, le Falcon 10X est le dernier né de la famille des jets d'affaires Falcon, et le plus gros jet d'affaires du constructeur français à ce jour.

Fort de son expertise, Dassault Aviation n’aura aucune peine à proposer une version MPA du Falcon 10X et d’y intégrer les capacités nécessaires tels que le sauvetage (SAR), la guerre antisurface (AsuW), le renseignement, la surveillance et la reconnaissance (ISR), ainsi que le renseignement électronique (ELINT). L’intégration de systèmes SIGINT, le ciblage à l'horizon (OTHT). Le tout compléter par des systèmes de navigation embarqués RNP/SAAAR, le guidage GPS WAAS-LPV, XM Weather avec carte INAV, ADS-B Out (surveillance dépendante automatique-diffusion), le mode de descente automatique (ADM) et le système de reconnaissance et de conseil sur piste (RAAS), des communications par satellite (SATCOM) et un radar air-sol multimode à longue portée.


Le Bréguet Atlantic

Au milieu des années 70, et pour faire face à l’évolution des menaces de plus en plus grandes des sous-marins et des navires de surface, la Marine française décide de mettre en service une nouvelle génération d’Atlantic. Deux prototypes ATL 2 sont réalisés à partir de deux Atlantic de la première série (n° 42 et n° 69). Ils sont modifiés pour l’emport des différents éléments du nouveau système d’armes et équipés des améliorations prévues pour la série.

Le premier effectue son premier vol à Toulouse-Blagnac, le 8 mai 1981. Avec deux ans de retard (mai 1984) par rapport aux prévisions pour des raisons budgétaires, le marché d’industrialisation est notifié et la commande de série limitée à 28 appareils ce qui conduit à un démarrage très lent et à une cadence de production annuelle faible : un avion tous les deux mois. La cellule de l’ATL 2 est produite par le consortium européen SECBAT (Dornier et MBB pour la RFA, Dassault-Breguet et l’Aérospatiale pour la France, Aeritalia pour l’Italie et SABCA-SONACA pour la Belgique). Les turbopropulseurs Tyne sont réalisés en coopération par la Grande-Bretagne (Rolls-Royce), la France (Snecma) et la Belgique (FN). Le premier appareil de série est livré à la Marine française en octobre 1989.


Photos : 1 Atlantique II (ATL2) Dassault Aviation 2 A320 MPA @ Airbus 3 Falcon 10X @ Dassault Aviation



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