Le nombre de F-35 respectera le budget !
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Dernière mise à jour : il y a 3 heures
La Suisse achètera « autant d’avions F-35 que possible » dans la limite de l’enveloppe financière de 6 milliards de francs. Aucun crédit supplémentaire ne sera alloué, a indiqué vendredi le Conseil fédéral. La volonté populaire sera respectée. Le nombre de jets achetés n’est pas précisé. Cette décision est liée à l’intransigeance du locataire de la Maison Blanche.

F-35A italiens @ Aeronautica Militare
La décision
Le chef du DDPS, M. Pfister, sait qu’il serait difficile d’obtenir des fonds supplémentaires, sachant que beaucoup de secteurs de l’armée doivent être modernisés. De plus, Pfister entend maintenir les accords de compensation tels que le projet « Rigi ». Le Département fédéral de la défense (VBS) a souligné l’importance, du point de vue de la politique de sécurité, de l’assemblage partiel et des essais de quatre avions de combat réalisés en Suisse. De plus, l’assemblage permettra une connaissance approfondie de l’avion qui servira dans l’autonomie de maintenance qui nous a été autorisée.
Les conséquences
Si la réduction du nombre de F-35 permettait de respecter le budget, elle aura des conséquences sur la politique de sécurité. En 2017, l'armée estimait à 55 à 70 le nombre d'avions de chasse nécessaires pour assurer la défense autonome du territoire suisse sur une période prolongée. Malgré les progrès technologiques et des systèmes de détection réalisés depuis, de nouvelles menaces ont émergé, comme le danger que représentent les drones armés. Le rapport mentionne explicitement une flotte de 30 avions de chasse et conclut qu'avec un tel nombre, la Suisse ne pourrait défendre son territoire que de manière limitée.
Un groupe d'experts du Département fédéral de la défense révise actuellement le rapport de 2017. Cependant, il est d'ores et déjà prévisible que le nombre d'avions de chasse nécessaires à la politique de sécurité restera nettement supérieur à 30.
La Suisse devra donc acheter ultérieurement un second lot de 10 à 15 appareils supplémentaires. Une situation que connaissent nos voisins. Une situation qui permettrait d’obtenir plus rapidement des avions car l'infrastructure serait déjà en place, les procédures établies, et la formation complémentaire aux États-Unis ne serait plus nécessaire.
30 appareils ?
Le chiffre de 30 appareils pourrait être défini, dans ce cas cela voudrait dire que nous aurions ces appareils pour 6,3 milliards d'USD tandis que la Roumanie à payé 7,2 milliards d'USD pour 32 avions sans armement. Mais attendons la confirmation.
Prix fixe, où est le problème ?
Les achat d’État à État (FMS) ont toujours été respectés dans les termes, ainsi qu’en ce qui concerne le prix négocié. Ce fut le cas pour l’achat des missiles sol-air Stinger et des avions de combat Boeing F/A-18, et ceci quelle que soit l’administration en place à Washington, démocrate ou républicaine.
La situation du F-35 ne devait pas déroger à la règle. Nous avons obtenu, tout comme la Finlande, un prix à l’époque correspondant au standard Block 3 étant donné que les prix du standard Block 4 n’étaient pas encore disponibles. Ce prix était donc très avantageux. La Finlande a signé très vite le contrat, soit en février 2022, tandis que notre pays devait encore attendre le feu vert du Parlement. La signature ayant lieu en septembre 2022. Cette différence à jour contre nous. Les F-35 finlandais sont passés sur le lot 17 négocié avant le départ de l’administration Biden. Tandis que nos F-35 allaient être passés dans les lots 18 et/ou 19 négociés entre Washington et l’avionneur Lockheed Martin par l’administration Trump. Il faut comprendre que cette nouvelle administration n’a pas digéré le prix bas de nos avions. Ne pouvant rien faire avec le contrat pour la Finlande, Trump a demandé l’activation de l’article 55 permettant un ajustement du prix pour notre pays.
Oui, il s’agissait bien d’un risque, mais jamais une administration américaine ne nous l’avait joué à l’envers en ne respectant pas l’accord FMS de base.
Protection contre les menaces aériennes
Les nouveaux avions de combat F-35A et les systèmes de défense sol-air de longue portée (Patriot) et de moyenne portée (IRIS-T SLM), dont l’acquisition a été décidée par le Parlement dans le cadre des messages de l’armée 2022 et 2024, permettront à l’armée de protéger dans une certaine mesure la Suisse contre les attaques aériennes grâce à ces systèmes de défense modernes. À cela s’ajoute le fait que treize pays européens misent sur le F-35, ce qui renforce l’interopérabilité au sein de l’Europe, par exemple dans l’échange de données sur la situation aérienne.
Dans ce contexte, le Conseil fédéral ne peut envisager de renoncer à l’avion de combat F-35A. En raison des coûts supplémentaires prévisibles, il estime toutefois qu’il n’est pas possible, pour des motifs de politique financière, d'acheter dès maintenant les 36 avions de combat F-35A prévus. Concrètement, le Conseil fédéral a chargé le DDPS d'acquérir le nombre maximal de F-35A possible dans les limites financières fixées par l’arrêté fédéral du 15 septembre 2022 sur l’acquisition de l’avion de combat. L'acquisition s’inscrit ainsi dans le cadre financier approuvé par le peuple en votation.
Le Conseil fédéral a refusé de compenser partiellement les coûts supplémentaires par des affaires compensatoires. Ces dernières, dont fait notamment partie le projet RIGI comprenant le montage final de quatre F-35A et les tests réalisés en Suisse, visent à accroître les connaissances relatives à cet avion de 5ᵉ génération et à renforcer l’indépendance de la Suisse en matière de maintenance.
Poursuite des travaux en vue de renforcer la défense aérienne
En raison de considérations militaires et de l’évolution de la situation en matière de politique de sécurité, ainsi que pour s’adapter de manière conséquente à la nouvelle configuration en termes de menaces, le DDPS lance les travaux nécessaires pour compléter les capacités de défense aérienne selon l’option 1 du rapport « Avenir de la défense aérienne » de 2017. Cette option prévoit une défense aérienne élargie et adaptée aux menaces actuelles, laquelle requiert non seulement un renouvellement en profondeur et un renforcement des performances de la défense sol-air, mais également le déploiement de 55 à 70 avions de combat modernes.
Tout renforcement éventuel des moyens aériens au-delà de l’acquisition déjà décidée des F-35A sera examiné indépendamment du type d’appareil. Seront notamment pris en considération les progrès technologiques (y compris les avions de combat de 6ᵉ génération), la durée de l’exploitation et du support, la dépendance envers les constructeurs, l’évolution des capacités opérationnelles ainsi que les contraintes budgétaires. Le degré de maturité des nouvelles technologies et des nouveaux systèmes d’une part, et l’urgence de la situation en matière de politique de sécurité d’autre part, constituent des facteurs déterminants pour décider s’il convient de moderniser les systèmes existants ou d’en acquérir de nouveaux. (sources DDPS)
Le Parlement doit se réveiller
Cette situation, hormis le coup de jarnac de l’administration Trump, trouve sa source dans un endormissement de nos politiques par suite de la chute du mur de Berlin. Les réformes de l’armée ont été suivies de plusieurs coups de sabre dans les budgets de l’armée. En a résulté l’impossibilité de moderniser et de remplacer correctement ce qui devait être fait. Aujourd’hui, dans l’urgence, il nous faut combler ces nombreuses faiblesses et y ajouter les dépenses des nouvelles menaces telles que le cyber, les drones et le spatial. Il nous faut d’urgence un budget digne de ce nom (mais également un cadre amélioré, encadrement, formation) afin de faire face à un avenir de plus en plus incertain. À Berne on commence à sortir la tête du sable, faut-il encore ouvrir les yeux ….



